lundi 22 avril 2013

Statines et personnes âgées : DANGER

Les personnes âgées sont la cible principale des statines. Mais on a de nombreuses preuves indiquant que les personnes âgées sont plus vulnérables à l'action néfaste des statines.
Voyons les preuves scientifiques derrière cette affirmation.

Voyons déjà ce que nous disent les défenseurs des statines, les "experts" qui ont bâti leur carrière sur les statines.
Ainsi, leurs avertissements peuvent constituer un socle minimal, car on est sûr que ce ne sont pas de "dangereux esprits critiques" ou des "complotistes", comme le disent les "leaders d'opinion" à la botte de l'industrie.
ACC/AHA/NHLBI Clinical Advisory on the Use and Safety of Statins

Ainsi, même les plus "pro-statines" au monde (Pasternak, Grundy, Lenfant...) recommandent d'être prudents avec les personnes :
  • âgées (et surtout les femmes âgées)
  • de petite taille et d'aspect frêle
  • qui ont plusieurs maladies
  • qui ont plusieurs traitements (risques x 5)
  • qui sont proches d'une opération (avant et après)
  • qui abusent de l'alcool
qui utilisent certains médicaments :


  • Fibrates (fénofibrate et surtout gemfibrozil)
  • Acide nicotinique (rarement)
  • Cyclosporine (OATP1B1)
  • Antifungiques azolés
  • Itraconazole et ketoconazole
  • Macrolide antibiotiques
  • Erythromycin et clarithromycin
  • Inhibiteurs de protéase HIV (OATP1B1)
  • Antidépresseurs dont Nefazodone
  • Verapamil (Isoptine°) (inhibiteur calcique)
  • Amiodarone (antiarythmique)
Or, on sait que nos personnes âgées sont plutôt des femmes (meilleur espérance de vie), qui ont plusieurs maladies et plusieurs traitements.
A cause d'un cholestérol élevé (facteur protecteur dans les études épidémiologique), on soumet les femmes âgées aux statines dans les maisons de retraite et dan les hôpitaux, surtout en service de gériatrie où elles sont quasiment toutes sous statines. Et évidemment, les statines les plus récentes et les plus chères et les plus toxiques : Crestor° et Tahor°.

On comprend aussi que la thérapie intensive, qui associe plusieurs médicaments anti-cholestérol ou des fortes doses d'une statine, est dangereuse pour nos personnes âgées.
On peut donc ajouter :
  • haute dose de statine puissante (Tahor° et Crestor°)
  • statine associée à d'autres médicaments anti-cholestérol (ézétimibe ou INEGY°)
Voir aussi mon article sur la comparaison de la toxicité des statines.

Mais on peut aller un peu plus loin, et sortir des recommandations des "leader d'opinion", appartenant aux sociétés de cardiologies (financées par les labos Pharma et donc peu indépendantes).

Analysons maintenant cet article : 2013 : Muscular effects of statins in the elderly female: a review

L'article nous propose de quantifier l'incidence des effets secondaires musculaires.
On voit que certains essais cliniques n'en trouvent aucun (0% dans l'essai TNT, qui est un essai marketing très biaisé) ou 0,27% pour l'essai 4S (très douteux et peut-être frauduleux).
Sinon, les chiffres varient entre 5%  et 10%, dans des situations observationnelles.
On est donc loin du 1 à 5 sur 100 000 qui est mis en avant par les "experts" travaillant avec l'industrie Pharma.
Pourquoi ?
Car les essais cliniques excluent les patients les plus sensibles, fragiles, âgées, qui ont plusieurs traitements ou plusieurs maladies. 

Il serait temps que les médecins français comprennent qu'un essai clinique est comme un championnat du monde d'athlétisme. Tout le monde ne peut pas courir aussi vite qu'un champion.
Citer le record du monde ne nous informe pas sur la vitesse de course dans le monde réel. 
Dire "Dans l'essai 4S, on observe 0,27% d'effets secondaires musculaires et 30% de réduction de mortalité" ne correspond à RIEN de concret. 
C'est juste du marketing déguisé en "science".

 Rien qu'en prenant plusieurs traitements, on multiplie les risques par 5. En excluant ces patient là, les essais cliniques diminuent arbitrairement le nombre d'effets secondaires, ce qui avantage leur produit commercial et trompe le médecin.
Ballantyne CM, Corsini A, Davidson MH, et al. Risk for myopathy with statin therapy in high-riskpatients. Arch InternMed. 2003;163:553–564.
Il est donc "normal" que les méta-analyses ne trouvent rien de dangereux. 
Additionner des mensonges n'a jamais indiqué la vérité.

Il y a un essai clinique qui peut nous permettre de savoir l'effet d'une statine sur une population âgée.
Son nom est l'essai PROSPER (PROspective Study of Pravastatin in Ederly at Risk).
Ce fut un essai décevant pour le marketing.
Mais les investigateurs, voulant sauver leur relation avec le sponsor BMS, ont trouvé des manières de manipuler la présentation de leur essai pour cacher la misère.
Cette étude en double aveugle a été menée pendant 3,2 ans chez près de 6000 personnes, hommes et femmes à égalité, âgées de 70 à 82 ans ayant déjà présenté des accidents vasculaires ou ayant des facteurs de risque importants et dont le cholestérol total était compris entre 4 et 9 mmol par litre. Elles étaient réparties en 2 groupes, l'un recevant de la pravastatine 40 mg par jour et l'autre un placebo.




dans le groupe pravastatine par rapport au groupe placebo la fréquence des accidents coronariens a été réduite de 21 % :  RR 0,79 avec CI de [0,66;0,95], 
celle les accidents vasculaires cérébraux est restée inchangée : RR 1,04 avec CI de [0,82;1,31]
celle des AVC mortels semble augmentée : RR 1,58 avec CI de [0,81;3,09] ; NS
celle des cancers mortels semble augmenté: RR 1,27 avec CI de [0,97;1,67] ; NS
la mortalité globale est inchangée : RR 0,98 avec CI de [0,84;1,14] ; NS

On remarque donc que la pravastatine a été inefficace globalement, échangeant des événements coronariens réduits contre davantage d'AVC mortels et de cancers.
Voilà un médicament cher, toxique et inutile chez des personnes âgées.



Aussi, sur la base de ses observations et en consultant les données de la science, on peut affirmer qu'une statine aura une balance bénéfice/risque défavorable à une femme âgée, qui a plusieurs maladies et plusieurs traitements, comparé à un homme.

En prévention primaire, il serait dangereux de conseiller à une personne âgée une statine, surtout une statine puissante ou à une dose élevée.


Le calcul du LDL (ou d'un rapport LDL / HDL) ne sert à rien pour évaluer la santé d'un patient.
Le médecin peut juger de l'état de son patient, de sa masse graisseuse, de sa fragilité rénale et hépatique, si elle boit assez dans la journée, etc.


Sources :
2013 : Muscular effects of statins in the elderly female: a review


 
 

1 commentaire:

  1. je prends atorvastatine depuis plusieurs années et j'ai fréquemment des crampes nocturnes. J'ai aussi constaté une diminution de ma libido.
    Je pense suspendre cette prise de médicaments pendant un certain temps sans avertir mon médecin. Qu'en pensez vous?

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