Comment l'atorvastatine s'est-elle imposée en 1997 ? Sur quels essais reposent sa validité ?
L'atorvastatine (LIPITOR° aux USA et TAHOR° en France) a été une réussite commerciale, générant plus de 125 milliards de $ de ventes sur 14,5 ans, ce qui représentait 25% des bénéfices du géant PFIZER pendant des années.
La FDA a approuvé l'atorvastatine (le LIPITOR°, de PFIZER) le 17 décembre 1996.
Pour s'imposer dans un marché déjà bien rempli avec 4 autres statines (fluva, lova, prava, simva), il a fallu laver le cerveau de tout le monde avec une énorme campagne de pub bien ficelée.
Pour mieux corrompre les équipes médicales, il a fallu d'abord donner de nombreux échantillons gratuits et payer des tonnes et des tonnes de repas gratuits.
Pour mieux mentir et occuper l'esprit des médecins, il y eut de nombreux congrès, où les leader d'opinion étaient invités pour vanter les "avantages" de la dernière statine, au frais du labo.
Pour atteindre facilement le public, PFIZER a bénéficié de la faiblesse de la FDA (Food and Drug Administration) qui autorisa la publicité directe aux consommateurs en 1997.
Ainsi, on a pu vendre la maladie au public (ce qu'on appelle "Disease Mongering") et imposer le médicament aux médecins par les équipes marketing opérant dans les hôpitaux. Aux USA, il y a même eu une sorte de feuilleton télévisé qui répétait sans cesse la phrase " Connaissez votre taux de cholestérol" (Know your numbers").
Occuper les médias fut facile, avec la plupart des journalistes ne connaissant pas le dossier du "LDL-cholestérol" et avec des journaux médicaux prestigieux financés par la publicité des labos. C'est ce qu'expliquent Jerome Kassirer et Marcia Angell, d'anciens rédacteurs du New England Journal of Medicine.
L'argument commercial utilisé par les VRP auprès des médecins était que le TAHOR° diminue davantage le cholestérol que les autres statines. Ce piège marketing mettait dans la tête des médecins que le Tahor° aurait donc plus d'efficacité et moins d'effets secondaires.
Rappelons que ce message trompeur se base sur ce qu'on appelle des critères de substitution (surrogate) et que ce raisonnement fallacieux devrait pouvoir être rejeté d'un revers de la main par un étudiant débutant.
Mais les médecins s'y sont laissés prendre...
En réalité, rien ne prouve qu'abaisser davantage la glycémie, le taux de LDL ou la pression sanguine avec une molécule B fera mieux que l'abaisser un peu moins avec une molécule A.
Les recommandations récentes sur le diabète le montrent.
PFIZER a influencé la recherche mondiale en imposant des essais cliniques où la baisse du LDL devint un objectif majeur, malgré l'erreur scientifique évidente.
On peut même blesser un patient en imposant avec une thérapie intensive, ne reposant sur aucune base scientifique sérieuse.
Le seul test sérieux qui pourrait montrer un tel avantage serait un essai clinique bien fait, avec des investigateurs indépendants du sponsor.
Malheureusement, une telle situation est rarissime dans le cas des statines, où tous les essais sont des essais commerciaux, gigantesques et multi-centriques, visant à étendre un marché commercial, et non pas à produire de la "bonne science".
Depuis que la première statine a eu son AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), toutes les statines ultérieures auraient dû être comparées avec la statine précédente, de manière équitable.
Cela aurait été une façon éthique, honnête et efficace de procéder, pour informer la communauté médicale.
Mais ce ne fut jamais le cas.
Et dans l'histoire des statines, la recherche médicale s'est désintéressée de l'éthique, trop occupée à favoriser une carrière et à participer aux grands essais financés par des labos, motivés surtout par des parts de marché.
Comme le disent les différents documents de la HAS, l'atorvastatine n'apportait rien de nouveau (pas d'Amélioration du Service Médical Rendu : ASMR V, soit la note la plus basse. Aucune amélioration apportée par la molécule d'atorvastatine, accédant au marché et à sa part de bénéfices)
On est donc bien dans une guerre commerciale, un conflit portant sur les parts de marché.
Ceux qui pensent que les statines sont uniquement une histoire de "preuves scientifiques" sont naïfs, ignorants et dangereux.
On est bien dans une histoire de "gros sous", de marketing trompeur.
Analysons d'abord le dossier qui a permis l'AMM, donné par la FDA le 17 décembre 1996
Dossier de demande de mise sur le marché, déposé par PFIZER
Il y a quelques "perles" dans ce dossier, qui montre à quel point la santé des patients est mis en péril dans un système de santé, qui donne priorité au commerce avant la santé.
Si on regarde le dossier "sécurité" portant sur les humains, on voit que la dose la plus étudiée était la dose 10 mg, qui fut étudiée environ 1 an en moyenne.
Puis le labo PFIZER a construit son marketing sur un médicament donné à vie et incluant la dose 80 mg, dose où les effets secondaires sont les plus dangereux.
Voilà l'écart entre ce qu'exige la FDA (des analyses ridiculement courtes et fragiles) et ce que va pouvoir imposer le marketing, à toute la planète.
On peut aussi noter que les études ont toutes portées sur la forme amorphe de l'atorvastatine, alors que c'est la forme cristalline qui sera commercialisée. (page 47 du .PDF)
La complaisance de la FDA a t-elle une limite ?
Le dossier "études cliniques" est indigent.
On ne trouve que des essais minuscules, durant 1 an au maximum, portant sur un nombre réduit de patients et avec des critères de substitution uniquement (baisse du LDL).
Comme c'est écrit page 48 : "There is no clinical outcome data in this NDA."
Aucune données cliniques.
Est-ce vraiment sur la base d'un tel dossier, rempli par le labo demandeur et sans aucun contrôle de la FDA, que le médicament le plus vendu au monde a été accepté ?
Analysons maintenant les principaux essais cliniques portant sur l'atorvastatine :
AVERT study, 1999 : échec
GAIN study, 2001 : échec
MIRACL study, 2001 : échec
ASCOT-LLA study, 2003 : essai interrompu et qui dissimule des données (d'interactions médicamenteuses entre l'anti-hypertenseur et la statine)
On peut voir qu'entre 1996 et 2003, le TAHOR n'avait toujours pas de preuves scientifiques solides, montrant l'éventuel intérêt de cette molécule sur la santé des patients.
Et l'essai ASCOT a de nombreux défauts, qui apportent des doutes sur l'honnêteté des investigateurs et de ceux qui ont publié l'essai.
Le marketing l'emporte bien sur la science, dans l'histoire commerciale des statines.
Je me demande jusqu'à quand serions nous mentis et exploités par des compagnies pharmacetiques ???
RépondreSupprimerLes compagnies pharmaceutiques vont continuer à nous mentir et à nous exploiter, tant que les gouvernements les laisseront faire.
RépondreSupprimerIl n'y a que des mouvements de citoyens qui puissent agir, en se mettant au côté des médecins pour changer les choses.
Les médecins doivent cesser de prescrire des statines comme si c'était des chocolats et comme si c'était Noël toute l'année.
Sinon, bonjour l'indigestion d'effets secondaires et le déficit de la Sécurité Sociale.
je prends atorvastatine depuis 3 mois, j'ai arrêté de moi-même car j'avais tous les effets indésirables : douleurs articulaires, douleurs dans les os et point dans le dos qui me coupe la respiration. je n'arrivais plus à lever ma tête de l'oreiller en position allongée. A 61 ans je me retrouvais telle une personne âgée de 75 ans!
SupprimerEt qu'en est-il de simvastatine qu'on vient de me prescrire (en remplacement de crestor que je ne voulais plus prendre compte tenu des effets indésirables et de ce que j'avais entendu de ce produit ds une récente émission tv d'investigation )?
RépondreSupprimerEt qu'en est-il de simvastatine qu'on vient de me prescrire (en remplacement de crestor que je ne voulais plus prendre compte tenu des effets indésirables et de ce que j'avais entendu de ce produit ds une récente émission tv d'investigation )?
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