La revue Médecine a sorti 4 articles à propos des statines. J'en propose ici une vue d'ensemble.
EDITORIAL de Jean-Pierre Vallée - Revue Médecine
L'édito rappelle que la rosuvastatine et
l'atorvastatine "relativement récentes, largement promues, mais, contrairement à l’opinion générale, n’ayant pas démontré d’efficacité sur la mortalité
totale. Ce sont deux hypocholestérolémiants, uniquement étudiés sur des critères
intermédiaires"
Il rappelle aussi l'échec des
fibrates et du torcetrapib (inhibiteur de la CETP), malgré leur efficacité sur les "chiffres"
du cholestérol".
Il évoque la
dernière recommandation (NHLBI / AHA) qui :
- a le mérite de recentrer sur le véritable objectif thérapeutique : la prévention de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires,
- va multiplier considérablement les indications des statines [...]
Ce numéro de
Médecine a pour but : "de répondre à une urgence du moment : remettre à sa
juste place – de propagande – un article stigmatisant publiquement
la dangerosité de l’arrêt des statines, donc celle des prescripteurs qui, pour
une raison ou une autre, seraient coupables de cet arrêt."
Note
: cet éditorial fait référence a un article "pseudo-scientifique"
émanant de cardiologues qui ont de forts liens d'intérêts avec
l'industrie et qui ont réalisé une étude bancale, hasardeuse et
approximative, qui a pour but de nuire à l'image du Professeur Philippe
EVEN, ainsi qu'à son livre "La vérité sur le cholestérol".
En
effet, ces leaders d'opinion sous-entendent qu'arrêter un traitement
par statines serait dangereux et aurait conduit à des morts (grâce à des
hypothèses et des statistiques trompeuses de leur article, peu
crédible)
Quels risques à arrêter une statine
? Michel de Lorgeril
L'article de Michel est plus
radical, vous vous en doutez, mais repose sur l'analyse de nombreux essais.
Il rappelle l'importance de l'année
2006, où la nouvelle réglementation a été mise en place.
Après avoir
montré la faiblesse de l'article mis en avant par des cardiologues parisiens
(article qui vise à culpabiliser toute personne ayant un esprit critique sur
les statines, car il pourrait "tuer" des gens qui arrêteraient leur
traitement...), l'auteur répond à la
question statine par statine :
- Inefficacité totale de la rosuvastatine (Crestor°) : études JUPITER, CORONA, GISSI, AURORA
- Comparaison rosuva vs atorvastatine : SATURN, MIRACL => aucune efficacité de l'atorva (Tahor°)
- Inefficacité de la simvastatine : IDEAL (simva vs atorva) => inefficacité de Zocor°, Lodales°, Inegy° ou de ses 27 génériques
Il conclue sur l'avis d'experts
indépendants : " [...] chez les sujets à faible risque, les statines n’ont
aucun intérêt", laissant de plus entendre clairement que l’arrêt du
traitement ne pourrait avoir que des bénéfices."
L'arrêt des statines est-il
dangereux - La rédaction de Médecine
L'article explique que l'article de
Michel de Lorgeril n'a pas fait l'unanimité, mais que ces arguments sont
suffisamment intéressants :
"Il nous a donc semblé que les arguments développés par Michel de Lorgeril pour « rendre leur liberté de prescription aux médecins, qu’il faut arrêter de terroriser avec de fausses alarmes », méritaient d’être entendus et discutés, [...] "
"Il nous a donc semblé que les arguments développés par Michel de Lorgeril pour « rendre leur liberté de prescription aux médecins, qu’il faut arrêter de terroriser avec de fausses alarmes », méritaient d’être entendus et discutés, [...] "
L'article
rappelle ce que les articles du FORMINDEP disent :
- des enjeux
complexes
- une
influence intense de l'industrie, même envers les "guidelines"
- un coût
annuel de 1 000 000 000 d'euros
- un mécanisme mal connu, qui va au
de-là de la baisse du "cholestérol"
Les auteurs rappellent qu'un
"petit groupe de cardiologues parisiens" (des KOL ou leader d'opinion) ont produit un
"article alarmiste", comportant des "informations
approximatives", issue d'une "extrapolation hasardeuse d'une unique
méta-analyse de 2009", avec tous "de puissants liens
d'intérêts".
L'article insiste sur la continuité
entre prévention secondaire et prévention primaire : " La réduction
relative de la mortalité y est constante, d’environ 10 % pour l’ensemble des
essais inclus, effet peu influencé par la nature ou le contexte de ces
essais."
" Le même raisonnement pourrait être tenu sur les critères cliniques « secondaires » que sont les infarctus du myocarde et les AVC, mais avec plus d’incertitudes [...]"
" Le même raisonnement pourrait être tenu sur les critères cliniques « secondaires » que sont les infarctus du myocarde et les AVC, mais avec plus d’incertitudes [...]"
L'article
souligne les conclusions d'une méta-analyse de 2010 :
" Les essais les plus anciens
ont le plus faible niveau de preuve"
" la faiblesse du gain individuel en termes de probabilité de décès."
L'arrêt d'un traitement « inefficace » – parce que non justifié – est sans conséquence.
" la faiblesse du gain individuel en termes de probabilité de décès."
L'arrêt d'un traitement « inefficace » – parce que non justifié – est sans conséquence.
L’arrêt d’un traitement « efficace » :
on ne sait pas (trop de paramètres…)
Conclusion de l'article :
" Plutôt que de se sentir contraints par les guidelines à prescrire des statines aux patients à faible risque cardio-vasculaire, les médecins leur rendraient un service autrement plus important en leur expliquant l’ampleur des avantages et des incertitudes sur les méfaits des statines et en discutant des données épidémiologiques qui montrent que les risques comportementaux – tabac, sédentarité, et nutrition inadaptée – sont responsables de 80 %des maladies cardio-vasculaires."
" Plutôt que de se sentir contraints par les guidelines à prescrire des statines aux patients à faible risque cardio-vasculaire, les médecins leur rendraient un service autrement plus important en leur expliquant l’ampleur des avantages et des incertitudes sur les méfaits des statines et en discutant des données épidémiologiques qui montrent que les risques comportementaux – tabac, sédentarité, et nutrition inadaptée – sont responsables de 80 %des maladies cardio-vasculaires."
Statines :
étonnante histoire d'un blockbuster - Jacques Beaulieu
La mévastatine (ML-236B), a été le premier membre de la classe des statines à voir le jour en 1976. Sa production fut stoppée peu après car le médicament administré à forte dose provoquait de sévères lésions musculaires.
En 1987
la lovastatine puis en 1989 la simvastatine (Zocor°)
En 1985,
il réalisa la synthèse de l’atorvastatine, produit qu’on nomma le CI-981. Dilemme :
lors des essais sur les animaux, le produit ne s’était pas montré supérieur à
la lovastatine de Merck, déjà en marché.
La
compagnie avait alors peu de projets dans son pipeline et il fallait
arriver avec un nouveau médicament, la protection du brevet de leur médicament phare,
le Lopid, un fibrate, arrivant à expiration. Par ailleurs, même s’il n’allait
chercher que 10% du marché des statines avec l’atorvastatine (Tahor°), le potentiel
demeurait encore des plus rentables.
NB : Or, le Tahor rapporta un jackpot absolu : plus de 120 milliards de dollars en 14 ans. Un médicament peu efficace et toxique n'a pu réussir qu'avec un marketing intense, mensonger et planétaire.
NB : Or, le Tahor rapporta un jackpot absolu : plus de 120 milliards de dollars en 14 ans. Un médicament peu efficace et toxique n'a pu réussir qu'avec un marketing intense, mensonger et planétaire.
Conclusion générale : L'ensemble de ces 4 articles montre bien qu'il y a des enjeux
économiques gigantesques (personne n'en doutait...) mais qu'il y a
maintenant une volonté des "scientifiques" payés par l'industrie de
nuire au débat d'idées, et d'étouffer toute controverse par de la
propagande et du marketing mensonger.
Très bel article, bien résumé ,jespère pouvoir le le communiquer à mon médecin et qu'il en retiendra quelque chose d'utile... pour lui comme pour moi. Signé inoxydable.
RépondreSupprimerMerci Inoxydable, content que cela vous ait plu.
RépondreSupprimerNotre cher Michel de LORGERIL a un franc-parler, qui heurte les âmes les plus sensibles, habituées à croire en l'infaillibilité des essais cliniques.
Mais son analyse des divers biais des études et de la corruption des acteurs médicaux est très juste.
Et le LANCET confirme totalement les propos des critiques de la littérature médicale, en 2014, se demandant comment sauver la recherche biomédicale.